
Ce mois-ci, nous avons choisi d'interviewer une experte de la parentalité positive. Maëliss Layeux, thérapeute familiale et parentale, s’est formée à la méthode d’Isabelle Filliozat, qui est la thérapeute française ayant développé l’Approche positive de l’enfant.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Maëliss Layeux, je suis thérapeute familiale, parentale et périnatale. Je suis formée avec le cours de suivi parental de la méthode d’Isabelle Filliozat, je suis aussi formée à la thérapie d’acceptation d’engagement, et je suis également doula.
J’ai 2 enfants, un garçon qui va bientôt fêter ses 10 ans et une fille de 7 ans.
En quelques mots, pouvez-vous nous dire qui est Isabelle Filliozat ?
C’est une thérapeute française spécialisée et très connue pour tout ce qui concerne la parentalité positive.
Qu’est-ce qui vous a menée personnellement vers la formation Isabelle Filliozat ?
Je viens d’une famille où l’on ne parle pas spécialement des émotions et où le rapport avec les émotions n’est pas toujours évident. J’ai eu un post-partum avec mon premier enfant qui était très difficile. Un jour, une amie de mon mari m’a dit « Isabelle Filliozat vient en Belgique, on doit absolument y aller ! ». Je ne la connaissais pas du tout à cette époque, je me suis donc renseignée, j’ai lu ses livres et j’ai trouvé ça absolument renversant. Je voulais pouvoir accompagner les parents dans ce chemin, parce que même en lisant les livres, ça reste compliqué à mettre en place. Donc je me suis dit « ok, je vais me former ».
Qu’est-ce que la parentalité positive et quels en sont les principes fondamentaux ?
C’est essayer d’ancrer ce qu’on fait actuellement avec les neurosciences (et d’autres sciences) pour pouvoir définir un ensemble de comportements qui vont permettre à l’enfant de s’épanouir au maximum de ses capacités. Si je devais le définir, je le définirais comme ça. Cependant, ce n’est pas une définition validée par tout le monde.
Pour moi le premier principe, sans doute celui qui est le plus oublié, est d’abord de prendre soin de l’adulte qui est en charge des enfants. Il est fondamental de ne pas oublier ce principe là. Cet oubli peut amener à beaucoup de critiques sur la parentalité positive.
C’est aussi essayer de voir le comportement des enfants comme la manifestation d’un besoin qui n’est pas rempli. Donc notre rôle, va être de comprendre « qu’est ce qui produit ce comportement » plutôt que « comment agir face à ce comportement », et après avoir compris, on agit dessus. On agit sur les causes plutôt que sur la conséquence.
Un autre principe essentiel, qui rejoint le premier, est d’être conscient des besoins de chacun, toute la famille travaille ensemble. Il n’y a personne dont les besoins doivent être étouffés ou pas entendus.
Quels ont été les changements principaux dans votre quotidien après avoir adopté cette méthode d’éducation avec vos enfants ?
Ça a été un énorme développement personnel pour moi. J’ai pu être beaucoup plus à l’écoute de ce qu’il se passait en moi et ce travail m’a permis de pouvoir être connectée à moi, tout en l’étant à mes enfants. Avant ça, j’étais forte dans mes réactions, qui sont des réactions classiques dues au stress. Je ne savais pas comment faire par rapport à ça, donc je pouvais crier. On se dit qu’on ne veut pas crier sur son enfant mais parfois on se retrouve quand même à crier, et je me retrouvais à avoir des comportements que je m’étais jurée de ne pas avoir avec mes enfants. Ça a beaucoup changé.
Ce qui a également changé, c’est mon regard lorsque j’ai un comportement qui n’est pas adéquat. Avant, j’étais beaucoup dans la culpabilité et je me disais que j’étais une mauvaise mère. Après le travail que j’ai fait, ça m’arrive déjà beaucoup moins, et j’ai maintenant le réflexe d’aller vers mon enfant et de réparer ce que j’ai fait.
Ça m’a également permis d’avoir beaucoup moins de situations de stress avec les enfants, et quand j’en ai, je n’aborde pas ça comme avant. On évite beaucoup de crises et de problèmes, ça permet d’être beaucoup plus dans le lien et la relation avec mon enfant qu’avant.
Quels sont les bénéfices de la parentalité positive sur le développement de l’enfant ?
Il y a d’abord une question de confiance dans l’enfant, en lui et en ses compétences propres. Une confiance aussi dans l’adulte et dans ses référents. Quand il y a un souci, il pourra aller vers l’adulte. Dans certaines mesures, il cachera peut-être encore des choses mais il sait qu’il pourra communiquer des choses qui ont été difficiles pour lui, car il sera entendu.
Après il faut avoir en tête que ce n’est pas parce qu’on est dans la parentalité positive que notre enfant va forcément avoir confiance en lui. Mais on met des graines, on met des éléments pour que ce soit le cas.
Un des bénéfices, est que l’enfant ait confiance sur le fait qu’il y ait des ressources autour de lui et qu’il va pouvoir les mobiliser.
Comment fixer un cadre tout en pratiquant l’éducation positive ?
C’est un équilibre qui est à trouver pratiquement dans chaque famille. Je pense qu’il faut d’abord définir ce qu’est le cadre pour nous. Pour moi, dans le cadre, il y a la sécurité de la personne, le cadre légal, et puis le cadre des valeurs en tant que parent. Pour fixer ça, il faut regarder ensemble, d’abord entre parents en fonction de l’âge des enfants, puis plus tard avec eux également. Il ne faut pas oublier qu’un cadre peut être flexible, et qu’à n’importe quel moment on peut en rediscuter. Ça ne veut pas dire qu’on va le changer, mais il n’est pas fixé dans le marbre, on ne doit pas parfaitement s’y accrocher. Je pense que ça passe d’abord par de l’introspection de la part des parents, et il ne faut pas hésiter à écouter les enfants dans leurs ressentis par rapport à ce cadre.
En tant que coach, comment accompagnez-vous concrètement les parents souhaitant mettre en place cette parentalité douce ?
Il y a plusieurs manières de le faire. La première ça va être d’aller aux ateliers : j’anime des ateliers Filliozat, il y en partout en Belgique et même dans le monde. C’est une manière d’avoir une boite à outils facile pour pouvoir mettre en place et avoir de bons réflexes au niveau de la parentalité positive. Ces ateliers sont un gros accélérateur, ils sont très bien faits et les animatrices sont super.
Certains sont vraiment mal à l’aise d’être en groupe, ou alors trop loin des ateliers : la deuxième possibilité alors, c’est d’aller directement chez un coach parental. Les parents viennent car ils ont envie d’adopter la parentalité positive, mais ils galèrent. Alors la première chose va être de comprendre pourquoi ils galèrent, comprendre ce qu’est la parentalité positive pour eux… Parce que même si on a défini la parentalité positive, je pense qu’il y a autant de définitions que de parents.
Le problème qui revient souvent, ce sont les parents qui pensent qu’ils doivent toujours écouter leurs enfants, toujours être dans l’accueil des émotions, toujours avoir une solution… Il faut déjà voir ensemble que cela n’est pas possible. Comme le dit Isabelle dans son livre, il n’y a pas de parent parfait. On ne peut pas être toujours dans la parentalité positive si on la définit comme étant figée. Il faut alors voir ce qu’ils ont envie d’aborder, ce qui est important pour eux, et revenir à leurs valeurs en tant que parents pour cheminer la suite.
On peut toujours s’orienter vers la parentalité positive, mais elle n’est pas figée, ce n’est pas quelque chose qu’on atteint.
Quels conseils donneriez-vous aux parents qui souhaitent adopter l’éducation positive mais ne savent pas par où commencer ?
Aller à un atelier Filliozat, ou aller chez un coach formé ! Je pense que ce sont des accélérateurs énormes. Ce sont des boites à outils extrêmement bien faites, et en plus on travaille sur soi-même. Avec le coaching parental, on pourra vraiment travailler de manière individuelle.
J’ai des clients qui ont commencé par des ateliers et qui ont continué le travail chez moi parce qu’ils voulaient un accompagnement plus individuel, et comprendre des particularités plus spécifiques à leur enfant. Et j’ai d’autres clients qui étaient avec moi et qui se sont dirigés vers les ateliers, par rapport au travail de groupe qui est très intéressant. Voilà mes recommandations !
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